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La répression des militants écologistes, une « menace majeure pour la démocratie », dénonce l’ONU

Interdictions de manifester, interventions brutales des forces de l’ordre, humiliations, intimidations, assimilation au terrorisme, création de nouveaux délits, lourdes condamnations… « La répression que subissent actuellement en Europe les militants écologistes qui ont recours à des actions pacifiques de désobéissance civile constitue une menace majeure pour la démocratie et les droits humains », alerte le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, le Français Michel Forst, dans un rapport publié mercredi 28 février.
« L’urgence environnementale à laquelle nous sommes collectivement confrontés et que les scientifiques documentent depuis des décennies, ne peut être traitée si ceux qui tirent la sonnette d’alarme et exigent des mesures sont criminalisés pour cette raison », estime Michel Forst qui s’est rendu le 23 février dans le Tarn sur le chantier controversé de l’A69 après des plaintes contre la réponse policière pour tenter de déloger des opposants installés dans les arbres.
Le rapport synthétise un peu plus d’un an de collecte d’informations dans les pays européens signataires de la convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement. Les manifestations pacifiques en faveur de l’environnement sont protégées par cette convention qui a créé le poste de rapporteur spécial fin 2021.
Grimper dans des arbres pour empêcher leur abattage, bloquer la circulation routière, occuper un aéroport, interrompre un événement sportif ou l’assemblée générale d’une compagnie pétrolière… Les militants de l’environnement ont de plus en plus recours à des formes de mobilisation susceptibles de perturber l’espace public.
Le rapporteur spécial s’inquiète de la « réponse disproportionnée » de l’Etat à ces manifestations pacifiques et d’une « nette augmentation de la répression et de la criminalisation » de ces mouvements dans un nombre croissant de pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne ou encore Pologne).
Cette criminalisation s’ancre d’abord dans le discours politique et dans les récits médiatiques où les militants écologistes sont de plus en plus souvent présentés comme une « menace pour la démocratie ». En France, le ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin, avait qualifié d’« écoterrorisme » les heurts avec la police lors des manifestations contre les mégabassines à Sainte-Soline, fin 2022, dans les Deux-Sèvres, avant d’engager la dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre, annulée ensuite par le Conseil d’Etat.
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